Le roman de formation au féminin

Le roman de formation au féminin

Le « roman de formation » du XIX^e siècle témoigne du changement de physionomie intellectuelle et morale de ses protagonistes, lesquels n’acceptent plus que ce soient la perpétuation et l’héritage d’une tradition qui déterminent le statut qui est le leur. Les héros de ces romans incarnent et relèvent le défi de se confronter à la société en vue d’affirmer leur vocation mondaine, politique ou artistique. Le jeune homme en formation semble devoir être inévitablement un homme. Le lien profond que ce type de roman entretient avec les développements historiques et les mutations socioculturelles explique que le processus de formation féminine ait été négligé. Il semble en effet que le roman du XIX^e siècle n’octroie au personnage féminin qu’une dimension unique, celle du privé, et un seul horizon, celui du mariage et de la maternité, et, éventuellement, de l’adultère qui en constitue la transgression. Mais cette unidimensionnalité est-elle vraiment inéluctable ? Cette exclusion supposée tient-elle lorsque l’on examine attentivement les romans du XIX^e siècle, écrits aussi bien par des hommes, à commencer par Stendhal et Balzac, que par des femmes (Mme de Duras, Sand…) ?

Le XX^e siècle connaît à l’évidence une vaste floraison de romans de formation au féminin. De même que la formation du personnage masculin dans la première moitié du XIX^e siècle est liée à un processus imparable de transformation sociale, au XX^e siècle, la formation féminine, qui n’est pas circonscrite à un versant strictement sentimental, devient l’un des signes majeurs de la modernité. Quels sont les topoï de ce roman de formation au féminin ? Se réapproprient-ils ceux du roman de formation propres au XIX^e siècle ou en créent-ils de nouveaux ? Et quelles formes littéraires de prédilection ce roman revêt-il ? L’autobiographie et la pseudo-autobiographie, le roman à la première ou à la troisième personne, le roman à thèse… ? Enfin, quelle image de la féminité ces romans-là donnent-ils à voir ?

À ce jour, la bibliographie critique sur le « roman de formation au féminin » s’avère relativement restreinte et se fonde volontiers sur un malentendu, à savoir la réduction de la formation, qui implique l’aspiration à un rôle social, à la seule éducation sentimentale ou sexuelle — dans le cas des romans libertins — de la femme, et donc, encore une fois, la relégation du personnage à la sphère privée.

Le colloque annuel de l’association du Seminario di Filologia Francese Le roman de formation au féminin se déroulera à l’Université de Bari “Aldo Moro” les 24 et 25 novembre 2022